Une charte des droits du XXIème siècle, travail réalisé par les étudiants du Master 2 Théorie et pratique du droit constitutionnel de Montpellier sous la direction du professeur Dominique ROUSSEAU, avril 2024
Les étudiants du Master II Théorie et pratique du
droit constitutionnel de Montpellier ont rédigé une charte des droits du XXIème siècle sous la direction du Professeur Dominique Rousseau. Ils ont procédé en
plusieurs étapes, en rédigeant, discutant et amendant les différents articles, de
sorte à faire émerger, au fil de leurs rencontres, une rédaction convenant à une
majorité des étudiants ayant participé au débat. Ils ont, ensuite, consulté
ChatGPT, une intelligence artificielle, afin d’obtenir sa version des droits.
Le présent document rassemble les deux chartes (I et II) et une comparaison
entre les deux textes tout en intégrant les remarques du Professeur Rousseau (III).
I. La
Charte des étudiants : Charte
des droits particulièrement nécessaires à nos lendemains
Préambule
“Puisque la dignité humaine, socle des droits ici
reconnus, conditionne la garantie de la justice et le maintien de la
paix.
Puisque
la liberté et l’égalité constituent le fondement indérogeable de l’ordre
social.
Puisque
l’intégrité et la solidarité concourent à l’intérêt général et à la félicité de
tous.
Puisque chaque individu, sans considération aucune,
notamment d’ethnie, de couleur, de sexe, de genre, de handicap, de langue, de
religion ou d'opinion politique doit être protégé et défendu en tant qu’atome
de l’Humanité elle-même.
Puisque la violence et le mépris des droits
fondamentaux ont conduit à l’ignorance de la paix et aux affres de la
guerre.
Puisque chacun doit, en tout temps et en tous
lieux, tenir en mémoire les principes qui le gouvernent et qui garantissent son
identité.
Puisque la Déclaration des droits de l’Homme et du
Citoyen, le préambule de la Constitution de 1946, la Charte de l’environnement
ainsi que l’ensemble des droits et libertés préexistants doivent être rappelés
et parachevés.
La présente Charte entend établir des droits
indivisibles, non hiérarchisés, interdépendants et à vocation universelle,
particulièrement nécessaires à nos lendemains afin de consacrer l’harmonie
sociale et de poursuivre la paix perpétuelle.”
Sur les droits civils
Article 1
“Le respect de la dignité humaine, du début de la
vie jusqu’après la mort, est le socle commun de tous les droits et
libertés.”
Article 2
“Chacun a droit à la vie. L’interruption volontaire
de grossesse ne remet nullement en cause sa primauté.”
Article 3
“Chacun a droit au respect de son intégrité
physique, même au-delà de sa propre mort.”
Article 4
“ Les actes inhumains de tortures, de barbarie ou
encore tout acte dégradant ou humiliant sont strictement prohibés et doivent
être considérés comme attentatoires à l’espèce humaine elle-même”.
Article 5
“Toute privation de liberté, répressives ou
préventives ainsi que toutes restrictions à la liberté d’aller et de venir
doivent être sagement circonscrites.”
Article 6
“De même, nul ne saurait
être réduit en esclavage, tenu en servitude ou soumis à un travail
forcé.”
Article 7
“L’interdiction du travail forcé ne s’oppose pas
aux services formant partie des obligations civiques normales ou exigés par le
bien-être de la collectivité.
Autrui doit être considéré
comme la seule limite recevable de l’action libre. Tout fait quelconque de
l'individu, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il
est arrivé à le réparer.”
Article 8
“Chacun a le droit de penser librement, d’exprimer
ses opinions personnelles et de choisir ses croyances.
Chacun a le droit d’avoir, de changer et d’exprimer
ses opinions et ses croyances dans le respect des considérations d’autrui.”
Article 9
“La liberté d'expression et de communication, en
tant que verbalisation sous quelque forme que ce soit d’une opinion, est l’un
des piliers des sociétés démocratiques.
Sous réserve du troisième alinéa, toute opinion
mérite d’être écoutée. Un désaccord politique, social ou religieux ne saurait
en aucun cas nuire à quiconque de l’exprimer.
Elle ne connaît pour limitations que les atteintes
à la démocratie elle-même, comme l’incitation à la discrimination, à la haine
ou à la ségrégation à l’égard d’autrui.
Les autres cas d’abus de liberté d’expression
doivent être énoncés par la loi au regard de leur caractère particulièrement
nécessaire dans une société démocratique.”
Article 10
"Chacun a droit au respect de sa vie privée et
au respect de son identité, cela inclut le respect de sa sexualité et de son
genre.”
Toutes immixtions
arbitraires dans la correspondance privée, ou au sein du domicile ainsi que
toutes atteintes à son image, à sa vie familiale, à son honneur ou à sa
réputation sont strictement prohibées.
Les seules dérogations acceptables à l’expression
de ces droits doivent être prévues par la loi en cas d'impérieuse
nécessité.”
Article 11
“Chacun a droit au respect de sa vie familiale, peu
importe la forme qu’elle prend.
Dans la poursuite de l’objectif inaltérable
d’épanouissement de l'individu, chacun a droit à l’assistance parentale et à
l’éducation jusqu’à la fin de sa minorité.
Sous couvert de cette charge, chacun a droit à la
parentalité, sans discrimination du modèle familial qu’il défend.
Les choix des parents, qu’ils soient personnels ou
professionnels, doivent être conciliés avec le bon épanouissement de leurs
enfants.
La communauté publique assure en lieu et place des
parents, l’éducation de leurs enfants chaque fois qu’il en va de leur intérêt
supérieur ou que la fatalité le commande.”
Article 12
“La communauté publique doit
à l’individu une assistance égale et continue de qualité qui lui permettent de prospérer
sereinement.
Partant, chacun a libre et égal droit d’accès au
soin que son état nécessite, peu importe ses revenus.
Chacun a droit à l’enseignement ainsi que d'accéder
à la connaissance. La transmission de savoir et de savoir-faire doit être considérée
comme nécessaire au bon épanouissement de l’individu.
Chacun a droit d’accéder à un réseau numérique de
qualité.”
Article 13
“La liberté de la recherche académique ne saurait
souffrir d’aucune ingérence.”
Sur les droits politiques
Article 14
“La communauté publique doit organiser une
procédure qui permet à chaque citoyen d’une part de participer à la création
des décisions politiques d’autre part à leur contestation.
Les citoyens ont aussi le droit de s’assembler afin
d’organiser, discuter, débattre et défendre des causes et intérêts
communs.”
Article 15
“En tout état de cause, la résistance à
l’oppression demeure un droit intangible et inaliénable de chacun.”
Article 16
“La force publique ne peut être instituée que pour
l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de quelques-uns.”
Article 17
“Les représentants politiques, ainsi que toutes
personnes investies de prérogatives publiques doivent agir avec intégrité,
probité et droiture.
Toute décision politique doit être dictée par la
recherche de l’intérêt général et la félicité de tous.
La société a le droit de
demander compte à tout agent public ou décideurs politiques du fait de son
administration.”
Article 18
“Nul
citoyen ne peut être privé de ses droits politiques sauf des cas prévus par la
loi.”
Article 19
“Toute société aspire à une paix internationale
durable.”
Sur les droits économiques et sociaux
Article 20
“La
communauté publique garantit à chacun l’accès à une alimentation saine et
durable.”
Article 21
“Chacun a droit d’obtenir de son employeur un
salaire juste et la garantie de bonnes conditions de travail.”
Article 22
“La communauté publique garantit la protection des
langues majoritaires comme minoritaires ainsi que celle du patrimoine culturel
et historique.”
Article 23
“L’activité de chacun bénéficie des droits tirés de
la liberté d'entreprendre et de la liberté contractuelle.”
Article 24
“Le droit à l’emploi est garanti à tous les
travailleurs. Ces derniers bénéficient de la liberté d’adhérer ou non à un
syndicat et d’exercer leur droit de grève dans les limites fixées par la
loi.”
Sur le droit de la justice
Article 25
“L’accès à la justice est garanti à tous. Elle doit
être publique et gratuite.
Tout individu a un droit à un
recours juridictionnel devant des juges impartiaux et indépendants.
Tout individu a droit à une défense pleine et
entière comprenant notamment, le droit à la présomption d'innocence, le droit à
un procès équitable, le droit à l’assistance d’un avocat.
Tout individu a le droit à
une décision de justice motivée et délivrée dans un délai raisonnable.”
Article 26
“Aucun comportement ne peut être sanctionné en
l’absence de norme juridique.
Toute peine doit être strictement nécessaire et
proportionnée à l’ampleur du comportement prohibé.”
Article 27
“En tout état de cause, la
mort ne saurait en aucun cas être infligée à quiconque en tant que
sanction”
Sur le droit de l’environnement
Article 28
“Chacun a le droit fondamental de vivre dans un
environnement équilibré et sain, avec pour devoir de le protéger. Les autorités
publiques sont quant à elles responsables de garantir une utilisation
rationnelle des ressources naturelles et leur juste distribution afin de
préserver et améliorer cet environnement.”
Article 29
“Les
droits ici reconnus se déclinent au transgénérationnel. En raison d’un lien
indéfectible de fraternité entre les générations, nulle mesure actuelle ne
saurait priver les générations futures de la capacité de satisfaire leur propre
besoin.”
Article
30
“L’utilisation
des ressources naturelles est conditionnée au devoir de sobriété et au maintien
de l’ensemble de la biodiversité. Toute dégradation grave de la biodiversité doit
être réparée.”
Article
31
“Les
régressions en matière environnementale sont interdites.”
Sur le
droit du numérique
Article
32
“La
volonté humaine gouverne le développement et l’utilisation de toutes formes de
systèmes numériques et d’intelligence artificielle. Elles sont instituées pour
accroître le bien être des êtres sensibles et ne peuvent nuire à l’intérêt
général.”
Article
33
“Les
individus demeurent souverains de la gestion de leurs données personnelles,
dont le traitement doit être loyal et transparent.”
Article
34
“Toutes
les personnes impliquées dans le développement des systèmes numériques et
d’intelligence artificielle doivent faire preuve de prudence en anticipant les
conséquences néfastes de leur utilisation et en prenant des mesures appropriées
pour les éviter.”
Article
35
“Le
virtuel n’est pas une frontière pour les droits reconnus qui se dérivent au
numérique.”
II. Déclaration
des Droits du XXIème Siècle (ChatGPT)
Préambule :
Considérant que tous les êtres humains naissent
libres et égaux en dignité et en droits,
Considérant les avancées technologiques, sociales
et environnementales propres au XXIème siècle,
Considérant la nécessité de garantir et de protéger
les droits fondamentaux dans un monde en évolution constante,
Nous proclamons cette Déclaration des Droits du
XXIème Siècle pour assurer la liberté, la justice et la dignité pour
tous.
Article 1 : Droit à la Vie
Tous les êtres humains ont droit à la vie, à la
sécurité et à l'intégrité physique et mentale. Aucune personne ne doit être
soumise à la torture, ni à des traitements inhumains ou dégradants.
Article 2 : Droits de l'Homme et de
l'Environnement
Toute personne a droit à un environnement sain et
durable, et a le devoir de préserver la planète pour les générations futures.
Les droits de l'homme et les droits environnementaux sont indissociables et
doivent être protégés de manière équitable.
Article 3 : Libertés Fondamentales
Chaque individu a le droit à la liberté
d'expression, de pensée, de conscience, de religion et d'association. Ces
libertés doivent être exercées sans discrimination, et dans le respect des
droits et de la dignité d'autrui.
Article 4 : Droit à l'Éducation
L'éducation est un droit fondamental pour tous,
sans distinction d'âge, de genre, d'origine ethnique, de statut social ou de
handicap. Chaque individu a droit à une éducation de qualité, accessible,
inclusive et équitable.
Article 5 : Droit à la Santé
Tous les individus ont droit à des soins de santé
de qualité, à un accès équitable aux services de santé, à la prévention et au
traitement des maladies. La santé physique, mentale et sociale doit être une
priorité pour tous les gouvernements et les institutions.
Article 6 : Droit à l'Égalité et à la Justice
Chacun a droit à l'égalité devant la loi, sans
distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion
politique ou de toute autre nature. Les discriminations et les injustices
doivent être combattues activement.
Article 7 : Droit au Travail et à des Conditions de
Travail Dignes
Tous les individus ont droit à un travail décent, à
des conditions de travail justes et sûres, ainsi qu'à une rémunération
équitable. Le travail des enfants et toute forme d'exploitation sont
strictement interdits.
Article 8 : Droit à la Vie Privée et à la
Protection des Données
Chaque personne a droit au respect de sa vie
privée, à la confidentialité de ses données personnelles et à la protection de
sa vie numérique. La surveillance abusive et la collecte de données sans consentement
doivent être combattues.
Article 9 : Droit à la Paix et à la Sécurité
Tous les individus ont droit à la paix, à la
sécurité et à la protection contre la violence, les conflits armés et le
terrorisme. La coopération internationale est essentielle pour prévenir les
menaces à la paix et à la sécurité mondiale.
Article 10 : Droit au Développement Durable
Chaque personne a droit à un développement durable,
respectueux de l'environnement, économiquement viable et socialement équitable.
Les ressources naturelles doivent être gérées de manière responsable pour
répondre aux besoins des générations présentes et futures.
En conclusion, cette Déclaration des Droits du
XXIème Siècle reconnaît la nécessité de protéger et de promouvoir les droits
fondamentaux dans un monde en évolution. Elle appelle à l'action collective, à
la solidarité et à la coopération internationale pour garantir la dignité, la
liberté et la justice pour tous les êtres humains.
III. Comparaison
des deux chartes
- Concernant le Préambule :
De prime abord, une comparaison doit être effectuée
concernant les titres choisis pour désigner les deux chartes. Si la Charte
établie par intelligence artificielle se fie strictement à l’énoncé et aux
règles imposées en rédigeant une “Déclaration des Droits du XXIème Siècle”,
celle proposée par le Master s’écarte de ce modèle en adoptant un titre plus
alambiqué : la “Charte des droits particulièrement nécessaires à nos
lendemains”. Il s’agit, avec cet intitulé, de dépasser le clivage temporel
qu’imposait le qualificatif “du XXIe siècle”, sorte de borne temporelle au-delà
de laquelle ces droits pourraient être contestés et remis en cause. Le choix de
ce titre s’inscrit alors directement dans la filiation des “principes
particulièrement nécessaires à notre temps” consacrés par le préambule de la
Constitution de 1946. Néanmoins, s’il se réfère à la formulation adoptée sous la
IVe république, il la dépasse en considérant que les droits qu’elle énonce, ne
sont pas simplement nécessaires à notre temps mais également à tous les temps
futurs. De cette réflexion découle le terme “lendemain” pouvant être traduit
par pour aujourd’hui et pour demain. L'ensemble des droits énumérés ont donc
vocation à s'appliquer et à être respectés dès le lendemain de l’adoption de la
présente Charte.
Outre la formulation du titre, plusieurs
dissemblances et divergences d’acceptation sont à observer entre les deux
déclarations. Alors qu’elles commencent toutes deux par rappeler les mêmes
droits, à savoir la dignité, la liberté et l’égalité, elles vont ensuite
prendre deux colorations différentes. D’un côté, celle du Master Théorie et
pratique du droit constitutionnel est fortement inspirée de la déclaration des
droits de l’homme et du citoyen et en fait explicitement un rappel dans son
préambule. De l'autre côté, la charte rédigée par l’intelligence artificielle
ne se soucie que des enjeux du XXIème siècle en faisant référence aux
évolutions techniques dont elle fait partie. Il est à ce titre fait référence à
un “monde en constante évolution” qui justifierait la proclamation de droits
pour le siècle présent. Alors que l’une s’inscrit dans une continuité de
l’histoire humaine tel un roman, l’autre ne donne qu’un aperçu d’une époque
donnée tel un chapitre.
Le vocabulaire utilisé par les deux chartes diffère
également. Alors que la première charte “entend” établir des droits, la seconde
“proclame” ces droits, ce qui lui permet d’être plus impérative et quasiment
d’imposer ces droits aux autres civilisations. A contrario la première charte
invite à accorder des nouveaux droits dans l’objectif que le plus grand nombre
adopte la déclaration qui se veut universalisable. A fortiori, la Charte
numériquement établie considère
le rôle des constituants par le biais du “nous”, impersonnel. La première
personne du pluriel semblant ici désigner les rédacteurs de manière abstraite,
sans mentionner ni leurs noms, ni leurs qualités, ni leurs titres. A l’inverse,
la présente Charte ne fait nul cas de ses rédacteurs afin d’éclairer le contenu
plus que son origine.
De la même manière, il est utile de relever une
divergence dans la façon de justifier la proclamation des droits concernés.
Arrivant au terme du préambule, cette justification se veut conclusive pour la
“Déclaration des droits du XXIe siècle” ainsi que succincte en ne se référant
qu’à trois grandes notions, trois “méta-droits”, la liberté, la justice et la
dignité. A contrario, la justification de l’élaboration de la déclaration des
droits est un vecteur qui parcourt et sous-tend la Charte proposée par le
Master. On la retrouve avec l’anaphore du “puisque” introductif repris à chaque
début de phrase. De la sorte, toutes les dispositions du préambule apparaissent
comme des justifications de la Charte. Cette rédaction recouvre en outre un
intérêt pratique en ce qu’elle permet de faire disparaître les auteurs du texte
derrière les raisons de son élaboration, de faire disparaître la plume derrière
les mots.
Par ailleurs, en sus d’une analyse purement
formelle, il convient de porter son attention sur les dispositions elles-mêmes
et leurs symboliques. Tout particulièrement, la première disposition de la
Charte numériquement établie se veut être une réécriture de l’article 1 de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Réécriture surprenante
ici dès lors qu’est oublié ou délaissé le verbe à l’importance capitale
“demeurer”. S’il est reconnu la possibilité de naître libre et égaux à tous les
êtres humains, rien ne leur permet de le rester. En un mot, toutes les
inégalités et atteintes aux libertés semblent permises passé le stade de la
naissance. Cet oubli malheureux s’avère être encore plus dramatique dès lors
qu’est adjoint au terme droit originel celui de dignité. Ainsi, et de manière
analogue, la dignité égale et sans pareille dévolue à tous ne serait cantonnée qu’aux
premiers âges de la vie et pourrait être fluctuante au cours de l’existence. Il
serait alors possible, au sens de l’intelligence artificielle de considérer des
“degrés de dignité” différents, variant pour chaque être humain pouvant même
aller a fortiori jusqu’à établir une hiérarchie. Aux antipodes de cette
conception, la Charte du Master octroie une place absolument centrale à la dignité
qui apparait première dans le texte comme dans l'ordre des valeurs. Définie
comme le “socle des droits reconnus”, la reconnaissance d’une égale dignité à
tous est perçue comme la condition sine qua non de la reconnaissance des droits
et d’une vie paisible et en harmonie.
En prenant le parti de placer la dignité, la
“Charte des droits particulièrement nécessaires à nos lendemains” s’inscrit une
fois de plus dans l’histoire en s’appuyant sur une vérité d‘expérience afin
d’affirmer l’existence de devoirs corollaires à l’expression des droits ne
permettant pas l’expression d’une liberté inconditionnée et sans limite. En
couronnant ce préambule par une caractérisation des droits eux-mêmes, la Charte
réaffirme que la liberté de chacun n’a pour limite que la liberté d’autrui et
que de la dignité de chacun doit résulter de la liberté de tous.
- Concernant les droits civils
➢ Sur le droit à la vie et l’IVG :
Le Master 2 a opté pour une approche épurée et
simple du droit à la vie, tout en y incorporant clairement le droit à
l'avortement qui n’y figure pas dans la version de ChatGPT alors même que ces questions
sont débattues depuis quelques mois en France pour son intégration au sein de
la Constitution. La décision d'inclure spécifiquement le droit à l'interruption
volontaire de grossesse (IVG) dans notre déclaration fait suite à des débats
intenses, notamment éveillés, sur la scène internationale, par l'arrêt Dobbs v.
Jackson de la Cour suprême des États-Unis. L'affirmation que le droit à l'IVG
ne contrevient pas au principe fondamental du droit à la vie est formulée pour
réfuter les allégations, trop souvent exprimées, selon lesquelles la vie débute
dès la gestation et que l'embryon est dès lors considéré comme « vivant »,
arguments utilisés pour s'opposer à l'IVG. Notre résolution est de mettre la
protection de la liberté corporelle de la femme au premier plan, face à toute
forme d'intrusion qu'elle pourrait subir.
L’article de ChatGPT propose une approche plus
universelle des droits de l'homme, mais n’aborde jamais, même au sein d'autres
articles, la question de l'IVG. Il met l'accent sur l'interdiction de la
torture et des traitements dégradants, ce qui pourrait impliquer une protection
contre les interventions non consenties ou les abus. Cette question est réglée
dans la Charte du Master, à l’article 4.
➢ Sur l'intégrité physique :
L’article du Master 2 souligne l'importance de
traiter dignement les corps et de respecter les volontés des défunts en ce qui
concerne, par exemple, le don d'organes, l'inhumation ou la crémation. Ce point
de vue est crucial dans les contextes de médecine légale, de rites funéraires
et de gestion des sépultures, affirmant que le respect dû à une personne ne
s'arrête pas au jour de son décès.
L’article de ChatGPT établit un cadre plus large,
affirmant le droit de chaque individu à la vie, à la sécurité, ainsi qu'à
l'intégrité physique et mentale. Il ajoute également une interdiction explicite
de la torture et des traitements inhumains ou dégradants. Ce texte couvre donc
non seulement le respect de l'intégrité physique mais aussi la protection
contre les atteintes à la liberté et à la dignité psychologique et morale des
individus. L’article de ChatGPT vise à garantir une base de sécurité et de
respect pour chaque personne, en interdisant les pratiques qui pourraient
menacer leur bien-être ou la dignité durant la vie des êtres humains.
Là où la Charte du Master 2 est plus complète,
c’est parce qu’elle protège durant la vie, et même au-delà alors que la
question du décès n’est malheureusement pas du tout traitée dans la Charte de
ChatGPT. De plus, la question de l’interdiction des actes de barbaries ou de
tortures énoncée par ChatGPT est bien traitée dans l’article 4 de la charte du
Master.
➢ Sur la torture :
Il a été fait le choix de reprendre en partie
l’article 5 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 sur
l’interdiction des actes de tortures et de barbaries et de l’incorporer à
l’article 4 de notre Charte en insistant véritablement sur l’interdiction de ces
actes au vu de leur cruauté. A l’instar de ChatGPT nous avons fait le choix de
consacrer un article entier à cette interdiction et la mention “strictement
prohibés” renforce d’autant plus cette interdiction. Aussi nous avons fait
le choix d’insister sur l’atteinte au corps humain et le caractère fondamental
de la prohibition de quelconque atteinte à celui-ci en employant les termes “inhumains” ou encore
“attentatoire à l’espèce humaine” pour insister sur l'ampleur de tels
actes.
La Charte émise par ChatGPT bien qu’elle fasse
mention de la torture et de traitements inhumains ou dégradants n’insiste pas
franchement sur ce point d’interdiction en l’incluant en son article 1er
relatif au droit à la vie, et n’en faisant pas un article à proprement
parlé.
Notre article est davantage basé sur l’aspect
déshumanisant des actes inscrits et leur prohibition tandis que l’article de la
Charte de ChatGPT énumère surtout des droits et obligations qui s’y
réfèrent.
➢ Sur la privation de liberté et la liberté
d’aller et venir :
Notre Charte met en lumière l’importance des
libertés individuelles quelles qu’elles soient par la mention explicite de leur
privation et les restrictions qui y sont portées. Par les termes “répressives
ou préventives” la Charte renvoie à la privation de liberté intervenant après
la commission d’une infraction, mais également celle intervenant en amont, pour
la prévenir. Nous avons fait le choix de ne pas expliciter les privations de
liberté devant être “sagement circonscrites” mais d’avoir une vision plus
générale et globale de ces dernières en laissant au législateur une marge
d’appréciation pour les qualifier comme telles. Egalement il a été fait le
choix d’y mentionner explicitement la liberté d’aller et de venir, démontrant
le caractère fondamental de cette liberté. En affirmant que la privation
de liberté ainsi que les restrictions à la liberté d’aller et de venir doivent
être “sagement circonscrites” il est fait référence à une nécessaire
proportionnalité des atteintes qui y sont portées ainsi qu’à un conditionnement
des mesures pouvant y porter atteinte.
La Charte de ChatGPT, à l’inverse de la nôtre, ne
fait pas explicitement mention de la privation de liberté qui nous semble
pourtant fondamentale. Aussi cette Charte fait référence à la notion de liberté
à travers plusieurs articles, et ce de manière exhaustive, mais jamais celle de
liberté d’aller et venir n’y figure textuellement.
- Concernant le droit à la justice :
L’article 6 de la charte de ChatGPT concerne la
justice ainsi que l’égalité ; il rappelle, de manière moins exhaustive, les
interdictions de discrimination que le préambule de la charte du Master II
avait énoncé. La violation des droits de la défense est récurrente en pratique
dans de nombreux pays ; ainsi il fut important de rédiger un droit à la défense
qui se veut le plus complet possible afin d’augmenter la protection du
justiciable qui l'invoque. A fortiori, un justiciable va davantage avoir intérêt
à invoquer un texte lui permettant d’obtenir des droits spécifiques. La Charte
du Master permettrait également à tout justiciable de bénéficier d’un accès à
la justice.
Bien que la charte écrite par l’IA veuille lutter
contre les injustices, elle ne donne que peu d'indications quant à la
définition d’une telle notion. Elle appelle à “combattre” ces injustices alors
même qu’in fine ce terme semble plus politique que juridique. Notre
charte est inspirée des principes figurant dans l’œuvre de l’auteur Cesare
Beccaria, à savoir les principes de légalité et de proportionnalité des délits
et des peines, ainsi que l’interdiction de la peine de mort et de la
torture.
Force est de constater qu’aujourd’hui la
jurisprudence du Conseil constitutionnel est particulièrement éparse en matière
de droits procéduraux, et les textes de notre bloc constitutionnels peu
fournis. Il nous a donc semblé pertinent de synthétiser un certain nombre de
droits procéduraux au sein d’un même article afin de faire de cet article la
clé de voûte en matière procédurale.
La déclaration générée par ChatGPT ne prévoit pas
de telles garanties et n’a défini la justice que de manière morale,
substantielle (“injustices”) et non procédurale.
La consécration d’un droit à l’accès à la justice
et à un droit à un recours juridictionnel effectif (dénomination qui renvoie à
celle adoptée par le Conseil constitutionnel dans sa décision DC n°93-335 du 21
janvier 1994), nous a semblé fondamentale en ce qu’aujourd’hui il n’est plus à
nier que le juge contribue en dernier ressort à l’effectivité de nos droits et
libertés.
L’article sur le principe de légalité de la charte
des étudiants a été pensé afin de garantir un Etat de droit et est une reprise
de l'article 8 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
Une reprise mais surtout une "remise à niveau" car si l'article 8
parle de loi, cet article 27 se veut plus large afin de pouvoir exister dans
les systèmes qui ne comptent pas que sur la loi.
Ainsi, il peut autant convenir à des Etats, comme
la France, qui utilisent d'autres schémas normatifs que la loi afin de produire
du droit, qu’aux autres Etats qui se contentent uniquement de la loi. Cet
article permet aussi d'aller plus loin car il permet aux systèmes d'innover et
de diversifier leurs sources juridiques. Le second alinéa vise à sécuriser
cet État de droit en imposant une répression absolument adéquate aux
comportements susvisés en excluant aucune possibilité.
Du côté de la charte rédigée par l’intelligence
artificielle, aucune mention du principe d’égalité n’est faite ni même évoquée.
Peut-être cela est-il si évident que l’intelligence n’a pas jugé bon de le
préciser mais cela fait naître, fatalement, un risque d’arbitraire. Une
remarque pourrait « sauver » le robot : il pourrait être influencé, pour une
raison ou une autre, par le droit anglais ce qui peut expliquer cette absence.
En effet, le droit anglais n’étant pas écrit, l'intelligence s’y est peut-être
tout simplement référée. Malgré tout, nous sommes convaincus que cela fait
naître un risque chronique pour la sécurité juridique.
- Concernant la liberté de croyance :
Cet article a été pensé tant collectivement que
pour convenir à l'exercice. D'un point de vue collectif, nous sommes convaincus
qu'une laïcité « à la française » est la meilleure option car elle permet à
tous de choisir librement sa croyance, quelle qu'elle soit, sans que l’Etat
n’ait pour autant à s’adapter comme il doit avoir à le faire dans le système
canadien par exemple.
Ainsi, le premier alinéa répond à cette idéologie de neutralité qui nous
importe tant. Le second alinéa répond à une réalité qui ne peut être
ignorée : le nécessaire respect de l'autre. Il nous semble impératif que les
citoyens aient le droit de s'exprimer vis-à-vis de leurs croyances sans pour
autant que cela ne tombe dans le prosélytisme. D'un point de vue
universitaire, il était demandé une charte pas nécessairement universelle mais
indubitablement universalisable. Le choix était donc de mettre en place un
article permettant une neutralité qu'il reviendrait au domaine de la loi de
préciser en cas de besoin.
La charte rédigée par l’intelligence artificielle
évoque elle aussi un droit à la libre croyance en nommant directement « la
religion ». Cela nous semble être assez réducteur car la religion n’est qu’une partie,
une sous-catégorie, des croyances. Il nous semble nécessaire de voir plus
large. Cet
article semble faire preuve de contradiction car il évoque un « droit à la
liberté ». Un droit impose aux entités juridiques des obligations afin de le
faire respecter ce qui est juridiquement plus puissant qu’une liberté car cette
dernière fait que son destinataire doit se débrouiller avec ce qu’il a. L’individu
a le droit ou la liberté de choisir sa religion? Si c’est un droit alors l’Etat
doit agir pour cela, si c’est une liberté, l’Etat n’a rien à faire.
Notre charte parle de droit afin que chacun, dans
un but de sécurité juridique, puisse être totalement en capacité de
décider. De plus, la charte de l’intelligence artificielle énonce que ce «
droit » à la religion doit se faire dans le respect de la dignité d’autrui ce
qui veut tout et rien dire car le concept de dignité n’a pas de fondement
concret tant il est imposant et touche à tout. Ainsi, parler de dignité est
dangereusement réducteur et pourrait porter atteinte, in fine, à ce
soi-disant « droit » à la religion.
Enfin, il est intéressant de relever que
l’intelligence artificielle fait une catégorie nommée « libertés fondamentales
» allant du droit à la religion à la liberté d’expression. Cela nous semble
encore une fois réducteur et fonde une hiérarchie entre les droits qui sera
nécessairement néfaste.
- Concernant le droit du numérique :
La protection de l’utilisateur varie selon les
chartes. La charte rédigée par l’intelligence artificielle est très limitée car
elle n’expose que trois droits, à savoir la protection de sa vie privée, la
confidentialité dans la gestion des données et la protection de la vie
numérique, qui ressemble à la première liberté invoquée.
A contrario, la charte du Master permet à
l’utilisateur d’avoir la mainmise sur ses données et lui permet de conserver à
tout moment dans le processus de captage la mainmise sur les données qu’il
souhaite voir retenues. La charte de ChatGPT ne permet pas à l’individu de
décider des conditions de traitement de ses données mais simplement, dans un
degré de protection inférieur, de bénéficier d’une confidentialité du
collecteur de données.
De même, la charte écrite par les étudiants permet
à travers leur article 35 de faire entrer dans le domaine du numérique tous les
autres droits acquis par la charte, permettant au justiciable lésé d’avoir plus
de moyens invocables en justice, ce qui ne serait pas possible pour la charte
de l’intelligence artificielle par laquelle seulement trois droits peuvent être
invoqués.
Il a été important dans la charte rédigée par les
étudiants que le développement des intelligences artificielles reste soumis à
la volonté humaine afin que les humains ne soient jamais dépassés dans le
domaine du numérique et que cela n’entraîne pas des violations de droits.
Cet aspect est absent dans la charte écrite par ChatGPT
probablement parce qu’il n’en va pas de son intérêt d’être lié à
l’humanité.
Dans le prolongement de l’idée d’une utilisation
des intelligences artificielles et des systèmes numériques, une contrainte a
été ajoutée dans la charte du master, à savoir le devoir de prudence. Même si
ChatGPT peut anticiper certaines conséquences de son existence sur les humains,
il semblerait qu’il n’ait pas entendu le préciser dans sa charte.
- Concernant les droits politiques :
La différence la plus frappante entre la charte
écrite par le master et la charte écrite par ChatGPT est la présence d’une
partie entière relative aux droits politiques dans la première. Notre charte
permet aux citoyens de participer à la création des normes juridiques et aux
débats (Article 14) mais elle procure aussi une résistance accrue contre
l’arbitraire (Article 15, 16, 17 et 18) et, enfin, elle crée un objectif commun
à l’humanité, la paix internationale (Article 19). L'entièreté de ces droits
s’applique tant aux sociétés particulières qu’à la communauté internationale
dans son ensemble.
A contrario, la charte créée par ChatGPT
s’inscrit dans une optique internationaliste et ne vise que des objectifs
excessivement généraux, sans prendre en considération leur application
nationale.
Ces droits représentent une garantie, un
soubassement nécessaire au développement et au respect de tous les autres
droits. Ils permettent aux individus de réaliser leurs droits à travers les
institutions politiques, ils permettent aux individus d’être protégés de l’abus
de pouvoir des institutions politiques, ils permettent aux individus de vivre
en paix grâce aux institutions politiques. Finalement, ces droits sont un
postulat nécessaire à l’existence et à la perduration des autres droits.
La charte de ChatGPT, en ne prenant pas en compte
la politique nationale, ne peut pas protéger les autres droits présents dans sa
charte.
Par ailleurs, les droits qui sont édictés se
veulent aussi généraux que possible et n’impliquent pas le choix d’une forme
politique particulière, que ce soit la forme étatique ou fédérale ou encore la
forme démocratique ou autoritaire. Ils restent neutres vis-à-vis de toute
volonté politique particulière. Ces droits permettent la réalisation de la
volonté politique sous toutes ses formes, en laissant un maximum de liberté aux
individus, tout en prenant garde des dérives autoritaires possibles. La Charte
de ChatGPT prend la même direction en ne s’intéressant pas au droit national,
cependant, des droits minimaux sont nécessaires, dans toutes les formes de
communauté politique. Il est donc regrettable que celle-ci n’ait pas approfondi
cette thématique.
- Concernant le droit de l’environnement :
C’est une thématique marquée par une actualité
accrue et qui constitue un enjeu certain. L'environnement fait ici l’objet de
deux approches très différentes.
Si l’environnement et tous ses enjeux en matière de
ressources naturelles, de protection de l’environnement et de responsabilité
des autorités publiques envers les générations futures sont considérés en tant que
tels par la Charte estudiantine, la Charte numérique ne s’y réfère que
partiellement par le biais du seul développement durable. Une différence
notable est à observer en ce que cette dernière ne traite de la protection de
l’environnement qu’à travers le prisme du futur en ne considérant que le
développement durable ainsi que les besoins des générations futures (art
10).
A contrario, dans la Charte des droits particulièrement
nécessaires à nos lendemains, la volonté des jeunes étudiants fut plus radicale
en consacrant la responsabilité des autorités publiques pour garantir
l’utilisation des ressources naturelles ainsi que la responsabilité de
préserver et surtout d’améliorer cet environnement (art 28), cette approche
intransigeante sur la question de l’environnement transparaît tout
particulièrement à travers l’article 31 de la Charte qui interdit formellement
toute régression en matière environnementale ; quelle ne fut donc pas la
surprise du Professeur ROUSSEAU à la lumière d’une actualité brûlante sur la
question.
Le parti pris sur cette intransigeance liée à la
question environnementale fut longuement débattu entre les étudiants et il fut
adopté dans une volonté d’ancrer cette Charte dans un modèle de société
utopique priorisant avant tout la vie, et par extension directe tous les
éléments naturels la constituant, d’autant plus dans un contexte de menaces se
multipliant et mettant en danger les êtres vivants sur la planète.
- Concernant la matière sociale :
Au sein de la Charte de ChatGPT, les droits sociaux
ont une place relativement importante (trois articles sur dix ). Figurent dans
ce texte le droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit au travail et à des
conditions dignes.
Proportionnellement au nombre d'articles, la charte
que nous avons rédigée donne certainement une moindre place aux droits de cette
nature, mais garantit indirectement le droit de mener une vie familiale normale
dans nombre de ses dimensions (article 11), lequel est souvent considéré par la
doctrine française comme faisant partie des droits sociaux. Par ailleurs, notre
charte innove en garantissant à chacun un réseau numérique de qualité, mettant
à la charge de l’Etat un droit créance devenu incontournable au XXIe siècle,
ainsi qu’un « droit à l’assistance » de sorte à « prospérer sereinement »,
rédigé sous la forme d’un droit créance et suffisamment large pour couvrir tous
les aspects de la vie des individus.
Notre charte garantit également, comme ChatGPT, un
droit d’accès au soin, un droit à l’enseignement, ainsi qu’un droit à l’emploi.
En peu de lignes, notre déclaration a même permis de garantir au profit des
travailleurs, la liberté syndicale et le droit de grève, auxquels ChatGPT n’a
pas semblé accorder d’importance, sans que lui n’ai mis en avant de principes
plus protecteurs que les nôtres.
L’une des différences avec ChatGPT est que nous
avons eu à débattre et que le document que nous avons rédigé est un texte de
compromis. ChatGPT a cherché à mettre en avant l’égalité entre tous, une
égalité la plus concrète possible, si bien qu’un tel principe irrigue
l’ensemble de sa charte et se manifeste clairement dans le vocabulaire qu’il a
mobilisé. Le droit
à l’éducation d’abord, présent à l’article 4 de la charte de ChatGPT, prévoit
que ce droit est garanti pour tous, « sans distinction d’âge, de genre,
d’origine ethnique, de statut social ou de handicap », en faisant référence à
une éducation « inclusive et équitable ». Notre charte est volontairement plus
neutre, elle garantit un droit à l’enseignement, ainsi qu’un droit d’accéder à
la connaissance pour « l’individu ». Sans couvrir moins de situation, sans
tolérer davantage de discrimination, notre charte s’inscrit dans une égalité abstraite
en nombre de ses dispositions. Les débats que nous avons eu ont fait émerger
une position plus frileuse que celle de ChatGPT quant au vocabulaire que nous
avons utilisé, de sorte à jeter dans de nombreux cas un voile sur les
spécificités des individus.
Le droit à la santé est peut-être le seul droit
social auquel ChatGPT a accordé une protection plus importante que celle que
nous avons entendu offrir. Il proclame un accès équitable à des soins de
qualité, mais aussi à la prévention et au traitement des maladies. Il garantit
même la « santé sociale”, que nous n’avons abordé qu’indirectement.
- Concernant la matière économique :
Les droits économiques, quant à eux, ont été les
oubliés des deux chartes. Dans la Charte de ChatGPT, seule une disposition,
celle relative au droit au travail, à des conditions dignes, une rémunération
équitable et l’interdiction de toute forme d’exploitation peut être considérée
comme une disposition s’intéressant véritablement à l’économie. Autrement dit,
aucune disposition économique libérale ne figure dans cette charte et les seuls
droits du travailleur qui y figurent restent plus fragiles que les
nôtres.
Cependant, et c’est certainement là quelque chose
qui peut être reproché à notre propre charte, les débats relatifs aux droits
économiques ont été tardifs et parfois rapides. Les principes libéraux qui y
figurent sont rédigés de manière trop imprécise : « L’activité de chacun
bénéficie des droits tirés de la liberté d'entreprendre et de la liberté
contractuelle ». Ces droits sont la liberté d’exercer, et cela librement, une
activité économique, ainsi que le droit à l’accès et au maintien des
conventions légalement formées. Ces droits peuvent cependant être complétés et
précisés par les textes constitutionnels de 1789, 1946 et 2005, auxquels notre
déclaration renvoie. C’est de cette façon que nous avons entendu combler cette
carence, ce qui nous a permis de concentrer au maximum notre réflexion sur les
droits novateurs, ceux qui n’existaient pas déjà, en évitant de remplir
inutilement notre déclaration par une répétition de droits déjà
existants.
- Réflexions conclusives :
En outre, la Charte du Master se veut plus longue
et approfondie en exposant plus d’articles, là où l’intelligence artificielle
semble se contenter d’un minimum d’articles ainsi que d’une rédaction épurée.
Ces divergences quant à l’approche de l’exercice, peuvent s’expliquer par la
recherche concrète de consensus complexifié par la multiplication des
intelligences, des points de vue et des intérêts. Agissant seule,
l’intelligence artificielle peut ainsi se contenter d’énoncer les fondamentaux
sans approfondir le propos. Les droits consacrés sont alors très rarement
définis ou détaillés.
Par ailleurs et de manière plus étonnante, la
Charte de ChatGPT se termine par une conclusion à la normativité peu déterminée
qui reprend les principales exigences du préambule. Elle fixe de la même
manière une série d’objectifs qui serait sine qua non de la protection
des droits fondamentaux.
NB : Le droit à la parentalité que
nous avons considéré être un droit civil a été oublié par ChatGPT.
Cette reconnaissance a émergé d’une volonté de prendre en compte la révolution
et la libéralisation du modèle de la famille et plus précisément de la parenté.
En effet, aujourd’hui une famille peut aussi être monoparentale, homoparentale,
constituée par un ou des parents transgenres, constituée par la biologie (la
procréation), par l’aide médicale (PMA, GPA …), par le remariage… Nous avons
alors souhaité empêcher toute discrimination tenant à la constitution d’un
nouveau modèle familial, acceptant de fait cette libéralisation des mœurs.
Durant nos débats, un alinéa a été proposé de sorte que “sous couvert de cette
charge, chacun a droit à la parentalité, sans discrimination du modèle familial
qu’il défend.” Néanmoins, il n’a pas été pérennisé du fait de la prise de
position commune de notre part pour ne pas considérer que le modèle familial
est un choix, un modèle à défendre.
Néanmoins, les limites à ce libéralisme
dans les valeurs de la famille se trouvent dans le bon épanouissement de
l’enfant. Le parent, peu importe son statut ne sera pas discriminé mais il lui
est imposé par ce droit à la non-discrimination, une obligation collatérale qui
est celle de la prise en charge du bien-être de son enfant. Tous ses choix
doivent donc être guidés par ce bien-être, cet épanouissement, souvent assimilé
dans les traités actuels à l’Intérêt supérieur de l’Enfant. Néanmoins, étant
donné les nombreux débats sur la traduction de cette notion originaire de la
CIDE « best interest » en « intérêt supérieur », nous avons préféré un terme
plus précis, celui du « bon épanouissement »
Si le parent a failli à cette obligation,
la communauté publique prend en charge cette obligation. C’est alors un aspect
de nécessité plus forte que « son bon épanouissement » qui justifie
l’utilisation de « l’intérêt supérieur de l’enfant » dans ce dernier alinéa.
L’intérêt de l’enfant devient supérieur puisque s’imposant face au droit à la
parentalité des parents qui n’honorent pas leur obligation. Ce dernier alinéa
est nécessaire afin qu’aucun enfant ne puisse être livré à lui-même.
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